À en croire internet, la solution miracle à la mobilité moderne consisterait à installer des panneaux solaires sur son garage pour recharger son véhicule électrique. On trouve même des calculs plus ou moins poussés pour déterminer combien de panneaux sont nécessaires par rapport à la distance que vous parcourez à l’année et à la consommation de votre voiture.
Disons-le d’emblée : coupler solaire et véhicule électrique est une idée judicieuse. Pour autant, on ne peut s’empêcher de tiquer, voir de trouver fallacieux, le raisonnement qui vise à vous vendre des panneaux à cette unique fin et ce pour plusieurs raisons :
- Sur une prise classique, le chargement de votre véhicule est de 3kW de puissance. Pour compléter la charge d’une batterie de 55 kWh, il vous faut ainsi une quinzaine d’heures.
- Avec une borne de recharge domestique, il vous faut entre 4 et 8 heures selon la puissance délivrée par celle-ci.
Il sera donc nécessaire de bloquer votre véhicule une (demie)-journée entière le temps que celui-ci ne se recharge.
Le turc, c'est que si vous vous servez de votre voiture pour aller travailler en semaine, il faudra donc compter sur le week-end pour faire le plein - car spoiler : vos panneaux solaires ne produisent pas d’électricité de nuit.
Il suffit alors qu’il pleuve pour que vos espoirs de charge gratuite ne prennent l’eau - c’est le cas de le dire. Un vrai casse tête.
Dimensionner votre parc de panneaux photovoltaïques uniquement pour recharger votre auto vous causera plus de déceptions qu’autre chose.
Puisque vous préférez sans doute une recharge solaire gratuite à une surcharge mentale infernale, tâchons de penser plus largement les choses. Hauts les coeurs : vous allez faire de belles économies.
Recharge de voiture électrique : dimensionner son installation photovoltaïque par rapport aux besoins de sa maison
Nous avons posé le problème à des experts Sunology HOME et sur ce point, ils sont unanimes : il faut avant tout coller aux besoins énergétiques courants du foyer. Le twist, c'est d'organiser habilement sa consommation énergétique pour dégager la puissance requise afin charger le véhicule aux moments propices.
Pour savoir comment dimensionner votre toiture, nous vous invitons à consulter ce guide, dans lequel nous vous confions plusieurs méthodes - elles ne valent pas l’intervention d’un professionnel, mais devraient vous donner une bonne estimation.
Tâchons plutôt d’expliciter ici l’idée d’optimiser son autoconsommation.
Avec le solaire, ce n’est pas compliqué : votre objectif est de consommer ce qui est produit à un instant T en piochant le moins possible dans le réseau.
Imaginons que votre installation délivre 3kW de puissance de manière à peu près régulière de 11h à 16h, l’idée est de faire danser votre consommation autour de ce chiffre.
Comment ? En programmant vos équipements énérgivores successivement sur la période de production solaire. À midi la pompe de la piscine, à 13h le lave linge, à 14h le lave vaisselle, etc…
De la même manière, pour optimiser l’apport solaire à votre charge de voiture, tâchez de libérer un maximum de puissance pour celle-ci au moment de la mettre en œuvre.
Dimensionnement de panneaux solaires : deux questionnements spécifiques pour la charge véhicule électrique
En nous lisant, vous avez peut-être deux objections qui vous viennent :
Pourquoi ne pas installer plus de panneaux solaires ?
La rentabilité d’un panneau solaire est définie avant tout par l’usage que vous en ferez : mettons que vous produisiez 20kWh par jour.
Si vous en utilisez la moitié dans votre maison, vous économisez 23ct par kWh. Si vous revendez l’autre moitié à EDF, vous ne facturez que 13ct par kWh.
À 50% de taux d’autoconsommation, vous allez économiser 2€30 + 1€30, soit 3€60.
À 80% de taux d’autoconsommation, vous allez économiser 3€68 + 0€52, soit 4€20.
C’est donc votre façon de consommer qui va déterminer la rentabilité de votre installation. Ainsi, augmenter drastiquement la taille de votre système pour répondre à un besoin spécifique et ponctuel va engendrer au fil des jours des quantités d’énergie folle à renvoyer vers le réseau. Mécaniquement, tout ce surplus fera fatalement baisser la rentabilité de votre système - et ce, même en prenant en compte cette charge gratuite.
Pour autant, il n’est pas absurde de procéder à un ajustement léger. Les spécialistes proposent notamment aux grands rouleurs de rajouter quelques panneaux - à hauteur de 1,5kWc, pas plus, et à condition, par exemple, que leur système de chauffage soit électrique.
Pourquoi ne pas ajouter une batterie ?
C’est un système plutôt en vogue aux Etats Unis, notamment avec le fameux Powerwall de Tesla. Pour autant, les systèmes de stockage actuels ne sont pas rentables en France - et ce, que vous ayez ou non un véhicule électrique.
Ça, nous l’avons détaillé dans notre guide de l’autonomie, qui aborde plus longuement le sujet. Mais en résumé, si l’énergie que vous stockez vous coûte plus cher que celle que vous achetez au réseau, inutile d’aller perdre de l’argent dans une telle aventure.
Mais ce n’est pas gravé dans le marbre : il y a deux facteurs qui entrent en jeu : le prix de l’électricité et le prix du matériel de stockage. Le premier risque de monter de 75% d’ici janvier 2025. Le deuxième est dépendant des mouvements industriels et des avancées technologiques.
Pour faire simple, c’est une question d’années, sinon de mois. Restez donc attentifs pour déterminer quand opérera le point de bascule.
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