S’il y a un mot qui cristallise toute l’attention dans notre univers ensoleillé, c’est bien celui de “batterie”. On guette toutes et tous les innovations technologiques et les évolutions industrielles à la recherche du produit qui rendra le stockage énergétique viable pour les adeptes de l’énergie solaire domestique.

C’est dans cette conjoncture que sont apparues sur le marché des solutions malignes, les batteries virtuelles. Mais au-delà d’un nom qui chante des jours heureux d’autonomie solaire, n’allons pas trop vite en besogne et inspectons ces offres plus en détail.

Batteries Solaires Virtuelles : qui est concerné ?

Si vous le voulez bien, commençons par nous reposer une question fondamentale : pourquoi un utilisateur d’énergie solaire pourrait-il bien vouloir insérer des batteries dans son système ?

C’est simple : parce qu’il produit par moments plus qu’il ne consomme, et que cette énergie est basiquement renvoyée dans le réseau. C’est ce qu’on appelle le surplus.

S’il dispose d’une installation traditionnelle en toiture, réalisée par un artisan certifié RGE, il pourra revendre ce surplus une fois par an à un tarif garanti pendant 20 ans (et bénéficiera en sus d’une prime à l’investissement. On vous résume ça ici).

Malgré la sécurité apportée par ce tarif de revente fixe, il n’est pas absurde de vouloir trouver des tarifs de rachat plus intéressants, avec des versements plus fréquents - et c’est là que les batteries virtuelles peuvent rentrer en jeu.

Autre situation : dans le cas où l’utilisateur possède un système qu’il a installé  lui-même, il ne pourra bénéficier des conditions avantageuses du contrat d’achat du surplus sur 20 ans via l’acheteur obligé EDF OA. Par contre, s’il a reçu l’aval du Consuel pour son installation, il aura accès aux offres des batteries virtuelles pour faire quelque chose de ce surplus. Ça peut aussi le faire pour les Stations Solaires Plug & Play, selon les dires de certains opérateurs - à vérifier au cas par cas.

Batteries Solaires Virtuelles : comment ça marche ?

Dans l’imaginaire collectif, une batterie virtuelle est imaginée comme une sorte de méga-batterie qui collecte l’électricité produite par ses usagers. Il n’en est rien : il s’agit d’une jolie expression marketing pour désigner un basique rachat de surplus par un acteur alternatif à EDF Obligation d’Achat.

• Si l’opérateur de la batterie virtuelle est votre fournisseur d’électricité, alors il pourra vous “rendre” l’électricité que vous lui avez fourni sous la forme d’une déduction sur votre facture, et selon un tarif qui peut être différent de celui auquel vous achetez votre électricité - attention, vous aurez parfois à payer les taxes et les frais d’acheminement sur ces kWh.

• Si celui-ci se cantonne à son rôle de “batteriste” (soit d’acheteur de surplus), vous pourrez tout simplement lui facturer ce qu’il vous doit. 

Dans les 2 cas, la différence avec EDF OA, c’est que le tarif n’est pas fixe, mais régulièrement mis à jour selon les prix du marché. Plus le prix de l’énergie augmente, plus votre facture de consommation devient salée, mais a contrario plus l’offre batterie virtuelle peut devenir rentable.

Une belle image valant 1000 mots, voici un schéma pour y voir encore plus clair: 

Offre batterie virtuelle adossée à un contrat d’électricité

Offre batterie virtuelle sans souscription à un contrat d’électricité

Comparatif des Batteries Solaires Virtuelles en 2024

Rentrons dans le vif du sujet et parlons chiffres. Quelles sont les offres de Batteries Virtuelles sur le marché en 2024 ? Que valent ces offres ? Est-ce bien l'eldorado promis ?

En France, il existe 4 offres principales : 

• JPME (Je produis mon électricité) avec son offre E-Battery (Super +, basé sur le marché de l’énergie, et TRV, basé sur les cours régulés) 
• Urban Solar Energy
• Mylight Systems avec leur offre MySmart Battery
• Ekwateur

Ces quatre acteurs ont leurs propres systèmes de tarification - et ce n’est pas simple d’y voir clair. Nous allons tâcher de vous résumer le tout dans le tableau suivant. 

1- Les tarifs

Ce tableau et les suivants sont basés sur les chiffres trouvables en ligne. Ces données sont compilés ici à titre indicatif.

[1] TRV (tarif réglementé de l'électricité) : fixé par la commission de régulation de l’énergie (CRE) : tarif plus stable que le tarif SPOT

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Comme on le voit, JPME fait payer l’accès à ses services en une seule fois quand ses concurrents optent pour l’abonnement mensuel, avec ou non des frais de mise en service. 

Les offres MyLight Systems, Urban Solar et Ekwateur sont incluses dans une offre globale d’électricité impliquant un changement de fournisseur - il est donc important alors d’en estimer la pertinence au regard des tarifs appliqués, et d’en calculer la rentabilité au-delà de l’offre de stockage virtuel.

Leur fonctionnement consiste à vous renvoyer autant de kWh que vous en avez produit en surplus, là où les autres vous paient directement.

Avant d’estimer la solution la plus rentable, ajoutons à l’équation l’obligation d’achat d’EDF.

Batteries virtuelles & EDF OA : le grand comparatif de A à Z

Comment comparer la rentabilité de ces options ? 

Nous choisissons de nous baser sur la capacité de stockage d’une batterie physique de 5kWh, la solution la plus communément employée pour des installations en toiture de 6kWc et lisserons les résultats sur une durée de 20 ans - la durée de l’engagement EDF OA - pour un surplus total envoyé de 20 000 kWh. Notez que nous partons sur les valeurs des abonnements 9kVA chez MyLight Systems et Urban Solar.

Voici notre tableau comparatif complet pour une toiture de 6kWc et un système de 3kWc

Pour 6kWc

Pour 3kWc

Notez que ces tarifs vont évoluer avec les variation du marché d’électricité - nous y reviendrons juste après. 

Que faut-il comprendre de ces tableaux ?

Déjà, une chose est sûre : si vous êtes éligible à EDF OA, c’est de loin votre meilleure option. Pour être éligible, vous devez passer par un professionnel labellisé RGE (comment vous en assurer ? Jetez donc un œil par là).

Mais si vous êtes dans une démarche d’auto-installation, les offres de batteries virtuelles sont malgré tout une alternative qui peut vous permettre de faire fructifier votre surplus - sous condition d'obtenir l'aval du Consuel.

Une vérification reste cependant essentielle : assurez-vous que vous générez une quantité de surplus suffisante pour absorber les frais fixes (tarif de mise en service, abonnement, etc…) que mettent en jeu les différents acteurs. Si par exemple vous voulez valoriser le "petit" surplus issu de Stations Solaires, on vous recommande de préférer des tarifs de rachat bas, mais sans frais fixe.

Comme on l’a vu, il faut aller au-delà du simple tarif de rachat annoncé pour se rendre compte de ce que valent vraiment ces offres de stockage virtuel.

SPOT ou TRV ? Quelle offre de batterie choisir pour mon installation solaire ?

Une dernière subtilité est à prendre en compte, notamment sur les offres JPME : souhaitez-vous opter pour une offre indexée sur les tarifs de vente réglementés ou sur le cours du marché ? Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise réponse : comme dans l’investissement bancaire, il y a les placements à risques et les placements sécurisés. 

Si vous voulez des garanties, optez pour le TRV. On estime grossièrement qu’il connaîtra une hausse régulière de 5% par an sur la prochaine décennie. L’âme plus aventureuse ? Le SPOT peut maximiser la valeur de ce surplus - ou anéantir tous vos espoirs de rentabilité. Le tarif haut d’aujourd’hui peut s'effondrer dans 6 mois.

Mais une chose est sûre : si vous cherchez à atteindre une véritable autonomie énergétique dans le futur, pas sûr que ce soit à travers ces systèmes de reventes de surplus que vous y parviendrez. Pour ça d’ailleurs, on vous renvoie à notre grand guide de l’autonomie solaire : il contient tout ce qu’il faut pour être incollable sur les options qui s’offrent à vous pour commencer à vous construire ce futur là.